samedi 17 mai 2008

Septième journée - Nanoka-me 七日目

Aujourd'hui, fin de la première semaine du tournoi (qui dure 15 jours). Le Kokugikan affichait complet (et demain, ce sera pareil, merci le week-end ! ^^) et pour ne pas me retrouver mal placé, j'avais anticipé le coup en venant tôt (10h). Le temps de placer mon gilet sur un siège, le sac en dessous du siège, hop, je faisais ma journée. Oui, il faut savoir qu'ici, vous pouvez laisser votre sac avec tout votre matériel vidéo, photo, des liasses de billets, etc., ben personne ne viendra fouiller dedans... Imaginez la même situation dans un stade de foot quelconque dans un pays européen quelconque (tiens, le Parc des Princes à Paris, bientôt en L2 leur club d'ailleurs... ;p) : ce serait impossible.
A mon arrivée au Kokugikan, qui était en train de faire les entrées ? Azumazeki-oyakata ! Il m'a reconnu, m'a demandé en anglais si j'étais là pour un long "trip", je lui ai répondu que oui, vu que j'étudiais le sumô. Ma réponse l'a surpris. Moi, ce qui m'a le plus surpris, c'est qu'il me parle... Du coup, quand j'ai retrouvé John plus tard, il m'a dit : t'as pensé à placer une visite dans son heya ? Gros boulet que je suis, j'étais tellement sur le c.. que je n'y ai même pas pensé. Mais bon, ça me rassure : 2 semaines de sumô, soit en entraînement, soit au tournoi, à vous balader un peu partout, et vous êtes repéré. Un second voyage dans l'année et c'est bon, je pense, on m'adopte. :D
On m'a fait percuter indirectement un truc aujourd'hui : je n'ai pas encore expliqué comment, par exemple, fonctionne un tournoi de sumô. Hé bien, ma chère Denise, c'est simple ! Un tournoi dure 15 jours, il a lieu tous les mois impairs (janvier, mars, mai, juillet, ... bon vous connaissez vos mois impairs je pense ^^). Il débute le second dimanche de ces mois impairs. Les lutteurs professionnels (sekitori 関取) ont un combat par jour (donc 15 au final) et ils doivent obtenir plus de victoires que de défaites, s'ils veulent monter dans le classement suivant (banzuke 番付). Et s'ils ont plus de défaites que de victoires, Pierre ? Hey bien, Denise, ils descendent ! Petite nuance à opérer pour les lutteurs non-professionnels (ou non-titulaires) situés en dessous des divisions makunouchi et jûryô : ils n'ont que 7 combats à faire sur la quinzaine. Mais la règle reste la même : obtenir plus de victoires que de défaites.
Du coup, j'enchaîne sur le banzuke 番付. C'est un classement de TOUS les lutteurs, du yokozuna (tout en haut) au dernier des lutteurs de jonokuchi 序の口. Il est publié 15 jours avant le premier jour du tournoi qui suit (avec des variantes au moment de Noël et de mai, avec la Golden Week, semaine de "vacances" au Japon). Un banzuke se décompose en 6 divisions : makunouchi 幕の内 et jûryô 十両 pour les divisions professionnelles, makushita 幕下, sandanme 三段目, jonidan 序二段 et jonokuchi 序の口 pour les autres divisions. A cela, vous ajoutez les autres membres de la grande famille du sumô, qui ont aussi le droit de voir figurer sur le banzuke leur nom : coiffeurs, crieurs (yobidashi 呼び出し), arbitres (gyôji 行司), oyakata 親方, etc. L'ensemble est calligraphié, et c'est un bel ouvrage qu'un banzuke...
Il existe aussi quelques subtilités afférentes à la division makunouchi : celle-ci possède des sous-catégories. L'essentiel de ses membres est composé de maegashira 前頭. Mais il y a aussi, au sommet, les sanyaku 三役 qui se décomposent en komusubi 小結, sekiwake 関脇 et ôzeki 大関. Le yokozuna 横綱 est un peu à part, car il est aussi une sorte de super-ôzeki. Comment accéder à ces grades ? Jusque sekiwake (en passant par la case komusubi... ou pas), il suffit d'aligner les scores positifs (kachi-koshi 勝ち越し). Pour devenir ôzeki, là, il faut sortir une performance de longue durée : environ 33 victoires sur trois tournois, avec au moins deux tournois en sekiwake. Donc, en moyenne, il faut aligner trois fois un score final de 11-4. Et pour devenir yokozuna, alors là, c'est feu d'artifice : il faut remporter deux titres (yûshô 優勝) d'affilée en tant que ôzeki ! Ou alors, un yûshô et une place de second "équivalente à un yûshô" (genre un 13-2, ou un 14-1 si le vainqueur finit à 15-0). Les critères semblent bien fixés, mais c'est assez récent (~20 ans), et ça peut ne pas être appliqué à la lettre. Il n'existe pas de règle établie, gravée dans la roche, etc.
J'espère que ça vous aidera un petit peu plus à comprendre comment se déroule un tournoi. J'ai d'autres expications à apporter, mais je vais me les garder pour une prochaine fois, sinon, indigestion en vue.


Un arbitre en pleine action (il nomme les lutteurs).


Kyokushûhô 旭秀鵬


Jûryô dohyô-iri. Je suis au pied du dohyô, les lutteurs dégagent une aura de puissance incroyable.


Aran 阿覧

Observez la différence entre les deux tsuna (cordes) de Asashôryû puis de Hakuhô.






Rohô 露鵬 (à g.) subit un nodowa のどわ (prise à la gorge) par Iwakiyama 岩木山. Rohô est le seul lutteur qui ne soit pas applaudi lors du dohyô-iri... La faute à un comportement aux antipodes de l'étiquette du sumô.


Asashôryû : énorme par le talent, petit par le comportement en tant que yokozuna. A mes yeux, il ne mérite plus d'être yokozuna après ce qu'il a fait cet été (prétexter un mal de dos pour esquiver une tournée d'été au Japon et participer à un match de charité de foot en Mongolie sous les yeux des caméras, même pour cinq minutes...)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon Sak', il s'agirait d'arrêter d'être un boulet... Des occasions en or, t'en auras pas tous les jours... Alors, Azumazeki il est grand temps de lui en placer une, et de prendre RDV ? Un second voyage au Japon pour prendre RDV ? Euh pourquoi pas... mais pour y faire quoi vu que le master sera fini...

Sinon, bien évidemment blog très intéressant à lire, comme d'habitude !

Sakana a dit…

Le second voyage, c'est une façon de dire que là, je me fais plutôt repérer et que c'est en y retournant encore et encore que les portes s'ouvriront en grand. C'est par la multiplication des terrains d'observation qu'on arrive à se faire intégrer.
Mais ce matin, j'étais scotché, vraiment surpris que j'en ai oublié pourquoi j'étais là... -_-

Anonyme a dit…

Je pense comme Fuseigou et je trouve dommage que tu laisses tant impressionné au point d'en oublier ton objectif principal....A toi de prendre rapidement rendez-vous...

Très intéressant tout ce commentaire et bien utile pour tous les néophytes...

Les photos sont bien belles aussi...

Kotononami a dit…

Comment? Pas une fois le mot Kotomitsuki en 10 jours? c'est un scandale j'vous dit lol.
Restons sérieux , tu nous fais un super boulot Sakana , un régal tant dans la description écrite de tes journées que sur le plan des illustrations visuelles.
C'est simple , on s'y croirait!
Petite nouvelle de France , le PSG est bien parti pour se maintenir. Je suis sûr que tu vas sabler le champagne depuis Tokyo :)